La Kahena, reine berbère

La Kahena, reine berbère kahena2La Kahena, de son vrai nom Dihya ou Damya, est une reine guerrière berbère zénète des Aurès qui combattit les Omeyyades lors de l’expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle

Quinze ans après la mort du Prophète, les armées arabes abordaient l’Afrique du Nord. Pour faire face à l’envahisseur, la Kahena va organiser la résistance berbère, réaliser la difficile unité du Maghreb et infliger aux cavaliers arabes de cuisantes défaites.

Elle possédait  un don prophétique et était vénérée de son peuple. Elle fut l’une des premières féministes et reines guerrières de l’Histoire. Les occidentaux la comparent à Jeanne d’Arc et Ibn Khaldoun lui attribua des pouvoirs surnaturels.

Étymologie
Pour les Berbères des Aurès, elle s’appelait Dyhia Tadmut qui veut dire la belle gazelle en tamazight ou Damya qui signifie devineresse.

Le surnom Kahena a plusieurs significations en arabe, en hébreu ou en grec. En arabe, Kahena désigne une devineresse ou une sorcière, ce qui peut être péjoratif. En grec, Kahena est tiré de Karina qui signifie être pur. En hébreu le mot est proche de Cohen qui a un sens de prêtre.

La présence de deux des six anciennes nécropoles réservées aux Cohanim en Afrique du Nord qui se trouvaient à Biskra et à Bône pourraient être reliées à la famille de la Kahena.

Histoire
La conquête de l’Afrique du Nord est décidée par le chef de la dynastie omeyade, Muawiya Ier. À l’aube de l’invasion, l’unité politique et administrative de la Berbérie orientale et centrale est dirigée par Kusayla, chef de la résistance à la Conquête musulmane du Maghreb  et converti à l’islam. Cette région est aujourd’hui appelée Les Aurès et s’étale de l’est de l’Algérie à l’ouest de la Tunisie. Il entre donc en conflit avec Oqba Ibn Nafi Al Fihri, général de l’armée des Omeyades.

Lors du décès de Kusayla en 686, la Kahena, issue de la tribu berbère numide Djerawa, prend la tête de la résistance. Elle procéde alors à l’appel de nombreuses tribus de l’Afrique du Nord orientale et du Sud pour déclencher la guerre contre les Omeyades.

Elle défait par deux fois la grande armée des Omeyyades grâce à l’apport des cavaliers des Banou Ifren.

Elle règne sur tout l’Ifriqiya pendant cinq ans. Vaincue en 693 par Hassan Ibn en N’uman dans la dernière bataille contre les Omeyyades, elle se réfugie dans l’Amphithéâtre d’El Jem. Elle est enfin faite prisonnière, puis décapitée au lieudit Bir El Kahina. Les chefs de l’armée Omeyades envoient sa tête en trophée au calife Abd al-Malik en Syrie.

Elle sera la seule femme de l’histoire à combattre l’empire omeyyade. Les Omeyyades demandent aux Zénètes de leur fournir douze mille combattants pour la conquête de l’Andalousie comme condition à la cessation de la guerre.

Divergences sur la religion

Selon l’historien berbère Ibn Khaldoun, à la veille de la conquête musulmane du Maghreb, plusieurs tribus berbères pratiquaient le judaïsme.

La question de la religion de Yemma al Kahina (notre mère Kahina)19 a été traitée par plusieurs historiens du Moyen Âge ou contemporains. Plusieurs hypothèses ont été émises, selon lesquelles elle aurait été monothéiste, animiste ou autre.

Selon l’historien Gabriel Camps, spécialiste du Maghreb, les tribus zénètes n’étaient pas juives mais bien chrétiennes. Toutefois, pour Paul Sebag « c’est aller à l’encontre des textes, difficilement récusables» qui donnent la Kahena pour juive, et membre d’une tribu berbère judaïsée.

Les traces de la Kahena

En Tunisie, le seul endroit qui témoigne de l’existence de la Kahena est l’amphithéâtre d’El Djem.

La ville antique de Baghaï, où est supposé se trouver le château de la Kahena :

Une seule statue a été construite au Maghreb à la mémoire de la Kahena : Élevée par l’association Aurès El-Kahina au centre ville de Baghaï, elle a été inaugurée par le président algérien en février 2003. Certains kabyles protestèrent car aucune inscription en langue amazighe ne figure sur le socle de la statue, son nom étant écrit en langue arabe.

Bibliographie

. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères (traduit de l’arabe par le Baron de Slane), Tome I, Alger, 1852-1856, p. 208.
. Émile Félix Gauthier, Les Siècles obscurs du Maghreb, Payot, Paris, 1927, p. 245.
. André Chouraqui, Histoire des Juifs d’Afrique du Nord PUF, Paris, 1952.
. Nabile Farès, Mémoire de l’absent, Éditions du Seuil, Paris, 1974.
. Tahar Djaout, L’Invention du désert, Éditions du Seuil, Paris, 1987, p. 31-33. (ISBN 2020095173)
. Gisèle Halimi, La Kahina (roman), Plon, Paris, 2006 . (ISBN 978-2259203142)
. Yacine Kateb Parce que c’est une femme : entretien suivi de trois pièces de théâtre : La Kahina ou Dihya ; Saout Ennissa. Présentation – 2004 . (ISBN 272100493X)
. Didier Nebot, La Kahéna, reine d’Ifrikia (roman), Anne Carrière, Paris, 1998 . (ISBN 2-910188-97-3)

Recherches historiques actuelles

. A. Hannoum, « Historiographie et légende au Maghreb : la Kahina ou la production d’une mémoire », Annales, 1999
. Y. Modéran, « Kahena », Encyclopédie berbère, t. XXVII, Aix, 2005, p. 4102-4111 et  « De Masties à la Kahina », Aouras, 3, 2006 (Actes de la première journée d’études sur l’Aurès organisée par l’Université de Khenchéla et la société Aouras)

Par Lepetitjournal Tunis, Publié le 17/03/2020 à 00:00,Mis à jour le 17/03/2020 à 00:00

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