Biographie du Chahid Ahmed Kanouni
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- Naissance
Athmane Kanouni,né en 1917 (par jugement) au Douar Lefrikat (commune mixte de Righa Ain-Oulmène ex
Colbert) dans une famille de 7 enfants, constituée de 2 filles et 5 garçons,de Amor Kanouni et de Oum
Es’Saêd Zebbiche.
Athmane Kanouni était le benjamin de cette famille très modeste,conservatrice, fortement imprégnée des valeurs
de l’Islam,avait grandi dans un milieu rural et était marié et père de 6 enfants,3 filles et 3 garçons.
Athmane Kanouni a fait tout d’abord ses « études primaires » dans un premier temps auprès des anciens lettrés du
village,mais son ambition n’est qu’autre d’acquérir la « science et de la connaissance » qui l’avait incité à
quitter le Douar Lefrikat et rejoindre l’école coranique dite «Zaouite BELHAMLAOUI », sise à
Ain-Arrasse,commune de Oued Seguine,Daira de Teleghma où le Cheikh BELHAMLAOUI lui enseigna
la langue arabe, le Coran, la jurisprudence, les valeurs et les préceptes de l’Islam.
- Son incorporation
Au début de la Seconde Guerre mondiale,il fût appelé par l’armée coloniale française pour accomplir
son service militaire obligatoire et mobilisé avec d’autres « musulmans » au côté des français contre
l’Allemagne nazie .
Le destin a voulu qu’il soit fait prisonnier avec ses « compagnons d’armes musulmans » par les forces
allemandes nazies, où il avait subi les pires tortures.
Il a été emprisonné pendant cinq (5) ans dans les prisons allemandes nazies jusqu’à la fin de la guerre.
Il est enfin libéré et rentre chez lui au Douar Lefrikat où il retrouve sa famille dans la pauvreté et la
misère noire des plus extrêmes.
- Activité politique et religieuse
A son retour dans une Algérie en « pleine effervescence »,il assiste au massacre de ses compatriotes, à la
répression des colons,aux déportations, à l’emprisonnement lors de la manifestation du 8 Mai 1945
notamment à Sétif.
Il s’installa au Douar Lefrikat et devint « enseignant »dans une école coranique.
L’instruction étant une des meilleures « armes » pour lutter contre le colonialisme se rappelant la parole
de Dieu « LIS ! » (Iqra !) au Prophète Mohammed (QSSSL)
Il diffusait le savoir et la prédication dans le Douar de Lefrikat et dans toute la région de Ain-Oulmène
ex Colbert touchant ainsi les milieux populaires musulmans.
Il fût également connu pour son attachement aux vrais préceptes de l’Islam et à s’intéresser à l’éducation
afin de préparer une société consciente,capable de combattre le colonialisme et de relever la patrie.
De même qu’il considérait que la lutte armée contre les ennemis de la patrie et de la religion était légitime
et nécessaire.
L’enseignement constituait en lui l’un des meilleurs moyens de diffusion et de prédication.
L’islam étant le meilleur rempart contre le colonialisme.
Il commençait à enseigner la langue arabe et le Coran au Douar Lefrikat puis à la mosquée du village.
Le Cheikh Si El-Hadi Aïdoudi Imam de la mosquée du village (diplômé de la Zitouna,Tunisie) ;donnait lui aussi
des cours de langue arabe et chargea Si Athmane Kanouni de l’assister et devint un agent du culte
« Mouadhine » de cette même mosquée.
- Son rôle dans de la révolution
L’injustice et le mépris des droits les plus élémentaires du colonialisme français , a contraint Si Athmane
Kanouni,nom de guerre Si Ahmed à embrasser la cause nationale.
Il contacta l’association des Oulémas du Grand Cheikh Bachir Ibrahimi (Ecrivain et membre fondateur de
l’Association des Oulémas, successeur au grand cheikh Abdelhamid Ben Badis et père de l’ancien Ministre des affaires
étrangères Ahmed Taleb) et entre résolument en clandestinité, cheminement similaire à celui de la plupart
des moudjahidines.
- Après avoir rejoint les rangs de la révolution et compte tenu de son expérience militaire acquise
durant la deuxième guerre mondiale notamment dans le maniement des armes, munitions et la construction
de casemates (caches secrètes),
- Si Athmane Kanouni a été nommé premier responsable de la cellule clandestine
« l’Organisation des Cinq » du village et de la région de Ain-Oulmène (Ex Colbert) avec comme compagnons
d’armes et de résistance :
1-Athmane Kanouni nom de guerre « Si Ahmed Kanouni »
Responsable de cellule clandestine « 0rganisation des 5 »
2-Ahmed Benyoucef (Chahid)
3-Mohamed Boussahel « Bellabaoui » (Chahid)
4-Hadj Hafnaoui Djellaoudji « El-Ketfi »,torturé à mort (Chahid)
5-Abdelmadjid Sebaïhi « Belwadhah » (Chahid)
Dès 1960, cette organisation (O5) a été chargée principalement de :
-Sensibiliser les « citoyens musulmans» sur la cause nationale,
-Recruter des Fidayinnes et des moudjahidine pour la libération du pays
-Collecter les fonds pour l’Armée de libération nationale et le front de libération nationale « ALN-FLN ».
-Saper l’économie coloniale en brulant leurs fermes leurs cultures et en sabotant toute l’infrastructure coloniale
(couper les communications en sciant les poteaux téléphoniques),abattre les poteaux électriques, couper les ponts
et endommager les routes, les véhicules de transports des colons…etc
-Rendre la vie un Enfer,un cauchemar à l’armée française et aux colons français.
-Changer la peur de camp
- Son arrestation
Un indicateur aurait révélé l’emplacement exact de trois casemates (caches secrètes) de grande importance tout
près de la maison de Si Ahmed Kanouni au Douar Lefrikat ainsi que sa présence dans l’une de ces trois casemates.
Aussitôt informés,ce renseignement de la plus haute importance a été exploité rapidement par les services
spéciaux du 2ème bureau dirigé par le tristement célèbre officier des renseignements et bourreau de
plusieurs algériens,le colonel Guérin.
Le jour du 14 Juillet 1960, fête nationale française,un camion transportant une vingtaine soldats et une jeep
de l’armée française est envoyé au Douar Lefrikat .
Aussitôt arrivés sur les lieux,les soldats encerclent rapidement la maison de Si Ahmed Kanouni, procèdent à
une fouille de toutes les maisons adjacentes, achevant tout le bétail, brulant tous les champs de blé et de
culture et des maisons.
Les soldats français sèment la terreur et sous les menaces obligent les habitants à creuser et déterrer les
casemates.
Après plusieurs heures de fouille,ce même indicateur aurait désigné avec précision et montré l’endroit exact
de l’une des trois (3) casemate abritant Si Ahmed Kanouni et son neveu Ferhat.
Les deux Moujahidines,Si Ahmed et son neveu Ferhat sont capturés et ligotés.
La casemate a été fouillée minutieusement et tous les documents secrets sont confisqués par les services des
renseignements français.
- Son incarcération
Le Chahid Si Ahmed Kanouni aurait été transféré à la caserne de Ain-Arifa (Ouled Si Ahmed) BASE de la
D.O.P (Détachements Opérationnels de Protection) surnommée « la Gestapo d’Algérie », unités
semi-clandestines de l’armée spécialisées dans le renseignement et détachées partout en Algérie, qui furent
les acteurs essentiels de la barbarie organisée à partir de 1957.
Les tortures les plus connues et les plus employées par les bourreaux de la D.O.P et que le Chahid Si Ahmed
Kanouni aurait subi :
Il y avait cinq méthodes principales, souvent employées de manière combinée après la mise à nu systématique de la victime.
- Les coups : entrée en matière, notamment lors de la fouille des villages ou lors d’arrestations.
- La baignoire: asphyxie temporaire de la victime maintenue la tête sous l’eau,ou le tuyau d’eau : on déverse de l’eau
par un tuyau enfoncé dans la bouche de la victime jusqu’à suffocation.
-L’Électricité ou Gégène, la plus répandue: sur les parties les plus sensibles du corps notamment génitales, on place
des électrodes reliées à une génératrice que le tortionnaire actionne à la manivelle.
-La pendaison: la victime est suspendue en l’air par les poignets maintenus dans le dos jusqu’à ce que ses épaules et ses omoplates se disloquent.
-Le viol: le plus souvent avec des objets, morceaux de bois ou bouteilles.
- Son décès
La date exacte et les conditions de sa mort restent encore aujourd’hui mystérieuses,indéterminées probablement entre le 20 Juillet et le 04 Août 1960.
Le jour de son exécution, il a été ligoté par les mains, puis aurait été traîné par les pieds par une Jeep sur les
champs du Douar Lefrikat et ensuite pendu à un micocoulier devant le pissoir public au centre du
village à côté de l’ancienne église et l’ancienne Mairie à l’angle du carrefour de la rue principale.
Micocoulier en arrière plan à gauche sur la photo ci-dessous où le Chahid Si Ahmed Kanouni a été pendu en été 1960
Le Chahid Si Ahmed Kanouni a été pendu par le cou avec une grosse corde,ses yeux étaient grands ouverts,
son visage était tuméfié avec des bleus partout,il avait les cheveux noirs et courts,les mains étaient liées
derrière son dos,il portait uniquement un pantalon de couleur vert olive sombre déchiré sur un côté de sa
jambe,recouvert de boue,son torse était nu et portait les traces profondes des sévices ou, des tortures.
Un gros poignard transperçant l’écriteau « KANOUNI AHMED » était enfoncé jusqu’à la limite dans le cœur
du vaillant Chahid « Si Ahmed Kanouni » et ce, afin de terroriser les « habitants arabes » de Ain-Oulmène ex Colbert.
Tous les enfants ayant vu le cadavre du Chahid Si Ahmed Kanouni sont traumatisés jusqu’à ce jour et
n’oublieront jamais cette image affreuse,hideuse et inhumaine du colonialisme français :
UN CAUCHEMAR !
Les sous-officiers du renseignement français Martinez et Rabot,auraient salué à leur manière dit-on le
cadavre du « pendu » le Chahid Si Ahmed Kanouni.
Le salut le plus honteux de l’histoire :
C’est le sous-officier du renseignement français « Rabot » qui aurait planté son poignard dans le cœur du
vaillant Chahid « Si Ahmed Kanouni » en proférant des « injures » ,en bombant le torse,montrant sa
vantardise et sa lâcheté d’avoir capturé un Grand Responsable de Cellule de l’ALN /FLN comme le
Valeureux Chahid Si Ahmed Kanouni.
- Le puits dit « mine de Achour Boutasse » sur la photo ci-dessous ,sis au Sud du Douar Lèfrikat à l’Est de la ville de la ville Ain-Oulmène où le Chahid Ahtmane Kanouni et beaucoup d’autres Chouhadas ont été jetés
Après avoir été exposé plus de 24 Heures,beaucoup d’anciens du village s’en souviennent aujourd’hui, il a été détaché,
jeté sur le plateau du Half-Track ,transporté et lâché comme d’autres Chouhadas dans la mine de potassium dite puits
de « Achour Boutasse » d’une profondeur d’environ de 150 mètres au Sud du Douar Lefrikat près du pont de
Maâfer.
Ce « puits » servait en quelque sorte de CHARNIER par l’armée française.
- Après sa mort en été 1960, le réseau des valeureux résistants du Chahid Si Ahmed Kanouni a été
démantelé puis décapité.
- Tous ses compagnons d’armes notamment Ahmed Benyoucef, Mohamed Boussahel « Bellabaoui »,
Hadj Hafnaoui Djellaoudji « El-Ketfi »,Abdelmadjid Sebaïhi « Belwadhah »,Lakhdar Kanouni,
Ferhat Kanouni,Lamri Kanouni, Sassi Kanouni, ont été arrêtés,torturés à mort puis fusillés et jetés soit dans
un puits soit dans une fosse quelconque.
- La lutte du peuple algérien continuera jusqu’à la libération totale du pays et le recouvrement de l’ indépendance.
- A ce jour,les sépultures du Chahid Ahmed Kanouni et celles d’autres Chouhadas jetés se trouvent encore malheureusement
dans ce puits.
- Aujourd’hui, la route nationale de Ain-Oulmène porte le nom du Chahid « Athmane Kanouni »
(du coin de la rue principale d’où il a été pendu jusqu’au carrefour de l’école de garçons)
Grace aux sacrifices de ses meilleurs enfants le 5 juillet 1962,
l’ALGERIE est libre et indépendante.
« Gloire et Eternité à nos Vaillants Martyrs »
©COPYRIGHT-Tous Droits Réservés All Rights Reserved 2012-2024,Biographie écrite par MM.Hacène Douhil (Paris) & Abdelhamid Mezaâche (Ain-Oulmène)
27 septembre 2013 à 15 h 13 min
Bonjour,
Je suis le petit fils de KANOUNI Athmane et j’aurais aimé rencontrer les biographes, ou du moins pouvoir communiquer.
Merci de leur transmettre ce message.
Farouk KANOUNI
27 septembre 2013 à 19 h 32 min
Bonsoir,
j’ai bien lu tes messages (l’un posté ici et l’autre à la messagerie privée)
Si tu veux vraiment discuter avec moi, prends attache avec Tayeb Kanouni ,c’est lui qui va te donner mes coordonnées et tu seras le bienvenu.
Excellente soirée et à bientôt.
A+++